Je me suis réveillé ce matin, enfin, ça aurait pu être il y a des heures ou des mois que je ne m'en serais pas rendu compte. Là où je suis je n'ai pas de repère temporel mais mon horloge biologique semble indiquer que quelques heures se sont écoulés depuis que je me suit réveiller. Et comme je me réveille à heure fixe je subodore qu'on est au matin. Je me suis réveiller comme je dit mais le terme le plus exact se rapproche de "prise de conscience". Je pense que mes repères biologiques se trompent car il me semble être resté un certains temps sans en avoir conscience, en même temps ça arrive vite ici. Ici c'est une sorte de désert, il n'y a pas de vie. Mais vraiment, aucune forme de vie n'existe ici. Le sol est rouge rouille, il n'y a même pas de squelettes, de buisson, de touffe d'herbes, de branche ou d'animaux enfouis. Non. Il n'y a Rien. Le sol est plats à perte de vue et une légère brise balaie de temps à autre ce que je vais appeler Les Plaines.
J'ai bougé, je me déplace actuellement vers... Quelque part. Je suppose. Je l'ai dit et je le maintiens, aucun repère existe ici. Il n'y a pas de soleil, étrange mais vrais. Mais il n'y a pas de lune non plus. Le ciel est en permanence plongée dans une clarté grisâtre qui ne semble jamais vouloir changer. C'est d'ailleurs pour ça que je ne bouge que maintenant, je me suis allongé et j'ai tenté de discerner le soleil ou la lune. Pas de résultat.
Je situe ma position temporelle à 5 ou 6 heures depuis mon éveil. Je me déplace toujours dans la même direction. Je ne sais pas si je vais trouver quelque chose, je pense que oui. De la même manière que je pense que 1+1 fait certainement 2. Je n'ai ni faim ni soif, étrange, pourtant je marche depuis longtemps. Enfin je croit. Si ça se trouve je ne suis debout que depuis quelques minutes et mes repères biologiques sont troublés.
Le sol semble être recouvert de poudre, enfin, je veut dire qu'il est constitué de poudre. Pas comme du sable, vraiment de la poudre très fine, comme du talc mais couleurs rouille. C'est pas très difficile de marche dessus, je ne m'épuise pas en tout cas.
J'ai essayé de jeter du sable en l'air pour voir si le vent allais toujours dans la même direction, il semble que oui. La poudre est légèrement tiède au toucher. Enfin, quand je dit poudre je parle du sol... Je vais l’appeler le sol. Ce sera plus simple. Elle ne laisse pas de trace rouge sur la mains, elle glisse aussi facilement que de l'eau, juste en retournant ma mains, tout le sable est partit. Marrant.
Je viens de me retourner, une intuition. Je ne laisse pas de trace dans le sable. Une fois que je retire mon pieds le sable reste lisse. Cela ma fait penser que je pourrais bien ne jamais avoir bouger de mon point de départ. Je n'ai même pas le luxe de me créer des repère car le sable reprend sa forme même si je le déplace.
12H depuis l'éveil, c'est toujours une approximation. Je suis toujours pas fatigué même après avoir marché pendant 10h de suite, enfin je croit. Ça ne m'étonne pas plus que ça, je pense de plus en plus que des règles étranges régissent cette endroit. Des règles qui ne s’appliqueraient pas ailleurs. Je pourrais en faire la liste, mais ça ne servirait pas à grands chose. Je m'en rappellerais de toute manière et je pense que je suis la première âme qui arpente les plaines depuis quelque chose qui ressemble sûrement à des millénaires ou des siècles.
Je continue de marcher, j'ai l'impression que je me rapproche de quelque chose, l'air se fait plus dense, ou en tout cas j'ai plus de mal à respirer. Le ciel est toujours gris sale sans aucun astre pour me repérer. Je marche toujours au même rythme, j'ai juste l'impression que j'ai plus de mal à respirer.
La sensation est passé mais j'ai du m’arrêter. C'est étrange à décrire, je me suis arrêter... comme ça. Je marchais depuis quelque chose comme 3h depuis que j'ai repris conscience et puis je me suis arrêter. Sans m'en rendre compte enfaîte. Je croit que j'ai oublié que je marchais.
J'ai essayé de reprendre ma marche mais... je ne peut pas. Je crois que je suis arrivé au bout de... tout ça ? Je ne peut plus avancer, mon cerveau aimerais bien mais mes jambes ne veulent pas. Bizarre. Mais je ne suis plus à ça près. Puisque dans cette direction la recherche de quelque chose s'est retrouvé (presque) infructueuse j'irai à droite. On verra bien.
Mais quand même. Qu'est ce que c'était que ça ? Quand je me retourne vers la gauche, je n'arrive pas à avancer comme quand j’étais au point que je vient de quitter il y a quelques minutes. Tout de même. Je ne m'attendais pas à trouver ça quand je suis partit il y a 2h.
Une question reviens régulièrement à mesure que je marche, où suis-je ? Cela ne peut définitivement pas être la réalité ! J'ai d'abord pensé qu'on m'avais drogué, que j’étais là par hasard ou qu'on m'y avais emmené. Mais cette chose qui m’empêche d'avancer, fait-elle partit de notre monde ? Où suis-je ?
Je marche, encore et encore. Je ne suis toujours pas fatigué, mais c'est normale, je ne marche que depuis une ou deux heures. Je n'ai pas faim non plus. Bizarre.
Je longeais la bordure que j'avais atteinte depuis quelques temps quand j'ai commencé à tourner. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, c'est en voulant voir si elle était toujours là, je ne l'ai plus sentit. Je pense que j'ai du dériver. Je me suis arrêter, à quoi bon marcher puisque je ne sais ni ou je suis, ni ou allez, ni même pourquoi ou comment m'en allez.
Enfaîte je suis bien ici. C'est étrange à dire mais je suis bien mieux ici qu'ailleurs. Ailleurs on doit se battre, tout le temps. Même le plus anodin des mouvements est un combat pour ou contre quelque chose. Ailleurs on a des besoins, ici je n'ai que des envies. Des envies que je ne peux pas combler, certes, mais ça ne deviendra jamais des besoins. Par exemple, j'ai envie de manger, je veux avoir un goût de nourriture, n’importe laquelle, dans la bouche mais je n'en ai pas besoins. Je n'ai pas faim après tout.
Oui je vais rester ici, on y est bien. Mais je ne sais toujours pas où je suis. Cela me dérange un peu a vrais dire. Combien de temps ce repos me sera-t-il accordé ? Je ne sais pas.
Je crois que je commence à saisir cette réalité. Car c'est une réalité, pas une facette de la réalité, non, une réalité à part entière. Et cette réalité à ses propres règles, ses propres conditions. Je l'aime bien et c'est tout à fait naturelle, car cette réalité est situé dans ma tête.
Oui je suis dans ma tête. Dans mon esprit, si on considère qu'il y a une âme, alors je suis dedans. Dans cette parcelle de l'esprit qui, quand tout s’effondre, se bloque comme un abri antiatomique en se créant une fausse réalité pour contenir une raison qui s’effriterait sans cela.
Les murs que j'ai croisé sont les limites de ce monde, rien n'est créé au-delà et c'est impossible d'y aller. Alors mes jambes se refusent à dépasser les limites. C'est aussi pour cela que je ne ressens ni faim, ni soif, ni fatigue.
Je suis arrivé au bout de moi, je ne peut plus me dépasser. Rien n'est possible ici et au-delà de cette minuscule parcelle de vie.
C'est la dernière frontière.
Et déjà la lumière.