[OS][sombre][triste] Repentir
Publié : 20 déc. 2013, 01:03
par Acylius
Très court texte inspiré d'un rêve que j'ai fait il y a deux nuits.
(Oui, je rêve de poneys. C'est grave, docteur?)
(Oui, je rêve de poneys. C'est grave, docteur?)
Les grands dirigeables s'éloignaient vers le Nord. Les lourds aéronefs se dirigeait droit vers Canterlot. Déjà, les premières détonations retentissaient dans le lointain.
Le bataillon entrait dans Poneyville. La bourgade, située en plein sur le chemin de la flotte, n'était plus qu'un tas de ruines. Les bombes larguées depuis les dirigeables l'avaient presque entièrement détruite.
Le soldat traversait la prairie. Le gros des troupes sécurisait ce qui restait du centre ville pendant que le reste inspectait les fermes et les maisons aux alentours. Il s'avança vers les ruines d'une petite maison bâtie au bord d'un ruisseau. Une bombe avait éclaté à quelques mètres de là, soufflant la moitié de l'habitation. Le soldat regarda à l'intérieur. Aucun signe de vie. Ceux qui vivaient là avaient fui ou avaient été tués par la déflagration.
Il se mit en route vers la maison voisine, à quelques centaines de mètres de là. Il sentit soudain quelque chose de poisseux et collant sous son sabot. Il baissa la tête. Il venait de marcher dans une flaque de sang. D'autres traces rouges maculaient le sol, un peu plus loin. Quelque chose ou quelqu'un était passé par ici.
Le soldat suivit la piste ensanglantée. Les traces contournaient la maison jusque dans le jardin. Il regarda autour de lui. Rien ne bougeait. Alors qu'il s'apprêtait à rebrousser chemin, quelque chose attira son regard. C'était un plume jaune, à terre, près du bosquet voisin. D'autres plumes, certaines maculées de sang, jonchaient le sol un peu plus loin.
Le soldat s'avança vers les fourrés. Une forme bougea dans les buissons en face de lui. Il leva son arme et s'approcha. Quelque chose était couché entre deux buissons, à quelques mètres de là. Il s'approcha lentement et, avec le bout de son arme, il écarta les branches.
C'était un pégase à la robe jaune et à la crinière rose pâle. Il était couché sur le côté, la tête posée au sol. Une plaie béante lui ouvrait le flanc. L'aile du côté blessé était à moité arrachée. Les os et les entrailles étaient à nu et la blessure saignait abondamment. Le soldat se rapprocha encore un peu. le poney respirait faiblement.
C'était certainement le poney qui vivait dans la maison. Il avait dû être frappé par un éclat lors de l'explosion et avait réussi à se traîner jusque là. Le soldat se pencha. C'était un combattant endurci. Il avait participé à plusieurs autres guerres, certaines parmi les plus sanglantes de l'histoire moderne. Il avait vu des frères d'armes tomber à ses côtés et des ennemis agoniser devant lui. Il n'avait plus d'états d'âme depuis longtemps. Aujourd'hui, ses instructions étaient claires. Sécuriser, nettoyer, neutraliser. Chacun savait parfaitement ce que cela signifiait.
Le poney ouvrit alors les yeux et son regard croisa celui du soldat. Un regard d'effroi, d'incompréhension et de douleur. Les deux se contemplèrent pendant de longues secondes, en silence. Le soldat posa à nouveau les yeux sur les blessures du poney couché devant lui. Le pégase n'en avait plus pour longtemps, inutile de s’attarder ici. Il se redressa, fit demi-tour et repartit. Alors qu'il s'éloignait, une voix faible, à peine plus forte qu'un souffle, s'éleva derrière lui.
- Attendez...
Il se retourna. Le poney le regardait toujours. Le soldat revint sur ses pas, posa son arme au sol et s’accroupit. Il n'était pas quelqu'un quelqu'un qu'un regard larmoyant pouvait attendrir. Il avait appris à accepter la souffrance, que ce soit la sienne ou celle des autres. Il fixa le pégase, impassible.
- Restez, s'il-vous-plait. Je ne veux pas être seule...
La voix était à la fois douce et suppliante. Le flanc ensanglanté du poney se soulevait avec douleur à chacune de ses respirations. Il regardait toujours le soldat dans les yeux. On voyait dans son regard qu'il savait qu'il ne s'en sortirait pas. Lentement, le pégase avança son sabot vers celui du soldat.
- Restez avec moi...
La voix du poney était un mélange de douceur et de désespoir. Le soldat lui prit le sabot.
- J'aimerais... J'aimerais entendre une dernière chanson. S'il-vous-plait...
La dernière demande d'un mourant est quelque chose qui ne se refuse pas. Le soldat réfléchit. Lentement, il plongea dans ses souvenirs. Il y a longtemps, quand il était petit, sa mère chantait pour lui. Des chansons étranges et envoûtantes, entonnées à voix basse dans la pénombre. Des mélodies et des paroles dont il ne lui restait que des échos. Petit à petit, la douce voix de sa mère refit surface. Un air qu'il pensait avoir oublié depuis longtemps revint.
J'ai quitté ma maison
Pour aller au bout du monde.
J'ai parcouru la Terre
Pour voir si elle était ronde.
Dans mon dos le soleil se lève,
Mon pays est là bas au loin.
Devant moi le chemin s'achève,
Ma route prend fin, je n'ai plus rien.
Il n'y a plus un son.
Je me retourne et je vois
Mes pas dans la poussière
Qui me reconduisent chez moi.
Alors qu'il chantait à voix basse, le pégase ferma les yeux avec apaisement. Sa respiration ralentit. Bientôt, son flanc cessa de se soulever.
Le soldat ramassa son arme et se releva. Il sortit du jardin et repassa devant la maison. Dans son dos, vers la ville, des bruits de tir éclatèrent. Il ne se retourna pas. Il prit la direction des montagnes, loin à l'horizon. Il rentrait chez lui.
Le bataillon entrait dans Poneyville. La bourgade, située en plein sur le chemin de la flotte, n'était plus qu'un tas de ruines. Les bombes larguées depuis les dirigeables l'avaient presque entièrement détruite.
Le soldat traversait la prairie. Le gros des troupes sécurisait ce qui restait du centre ville pendant que le reste inspectait les fermes et les maisons aux alentours. Il s'avança vers les ruines d'une petite maison bâtie au bord d'un ruisseau. Une bombe avait éclaté à quelques mètres de là, soufflant la moitié de l'habitation. Le soldat regarda à l'intérieur. Aucun signe de vie. Ceux qui vivaient là avaient fui ou avaient été tués par la déflagration.
Il se mit en route vers la maison voisine, à quelques centaines de mètres de là. Il sentit soudain quelque chose de poisseux et collant sous son sabot. Il baissa la tête. Il venait de marcher dans une flaque de sang. D'autres traces rouges maculaient le sol, un peu plus loin. Quelque chose ou quelqu'un était passé par ici.
Le soldat suivit la piste ensanglantée. Les traces contournaient la maison jusque dans le jardin. Il regarda autour de lui. Rien ne bougeait. Alors qu'il s'apprêtait à rebrousser chemin, quelque chose attira son regard. C'était un plume jaune, à terre, près du bosquet voisin. D'autres plumes, certaines maculées de sang, jonchaient le sol un peu plus loin.
Le soldat s'avança vers les fourrés. Une forme bougea dans les buissons en face de lui. Il leva son arme et s'approcha. Quelque chose était couché entre deux buissons, à quelques mètres de là. Il s'approcha lentement et, avec le bout de son arme, il écarta les branches.
C'était un pégase à la robe jaune et à la crinière rose pâle. Il était couché sur le côté, la tête posée au sol. Une plaie béante lui ouvrait le flanc. L'aile du côté blessé était à moité arrachée. Les os et les entrailles étaient à nu et la blessure saignait abondamment. Le soldat se rapprocha encore un peu. le poney respirait faiblement.
C'était certainement le poney qui vivait dans la maison. Il avait dû être frappé par un éclat lors de l'explosion et avait réussi à se traîner jusque là. Le soldat se pencha. C'était un combattant endurci. Il avait participé à plusieurs autres guerres, certaines parmi les plus sanglantes de l'histoire moderne. Il avait vu des frères d'armes tomber à ses côtés et des ennemis agoniser devant lui. Il n'avait plus d'états d'âme depuis longtemps. Aujourd'hui, ses instructions étaient claires. Sécuriser, nettoyer, neutraliser. Chacun savait parfaitement ce que cela signifiait.
Le poney ouvrit alors les yeux et son regard croisa celui du soldat. Un regard d'effroi, d'incompréhension et de douleur. Les deux se contemplèrent pendant de longues secondes, en silence. Le soldat posa à nouveau les yeux sur les blessures du poney couché devant lui. Le pégase n'en avait plus pour longtemps, inutile de s’attarder ici. Il se redressa, fit demi-tour et repartit. Alors qu'il s'éloignait, une voix faible, à peine plus forte qu'un souffle, s'éleva derrière lui.
- Attendez...
Il se retourna. Le poney le regardait toujours. Le soldat revint sur ses pas, posa son arme au sol et s’accroupit. Il n'était pas quelqu'un quelqu'un qu'un regard larmoyant pouvait attendrir. Il avait appris à accepter la souffrance, que ce soit la sienne ou celle des autres. Il fixa le pégase, impassible.
- Restez, s'il-vous-plait. Je ne veux pas être seule...
La voix était à la fois douce et suppliante. Le flanc ensanglanté du poney se soulevait avec douleur à chacune de ses respirations. Il regardait toujours le soldat dans les yeux. On voyait dans son regard qu'il savait qu'il ne s'en sortirait pas. Lentement, le pégase avança son sabot vers celui du soldat.
- Restez avec moi...
La voix du poney était un mélange de douceur et de désespoir. Le soldat lui prit le sabot.
- J'aimerais... J'aimerais entendre une dernière chanson. S'il-vous-plait...
La dernière demande d'un mourant est quelque chose qui ne se refuse pas. Le soldat réfléchit. Lentement, il plongea dans ses souvenirs. Il y a longtemps, quand il était petit, sa mère chantait pour lui. Des chansons étranges et envoûtantes, entonnées à voix basse dans la pénombre. Des mélodies et des paroles dont il ne lui restait que des échos. Petit à petit, la douce voix de sa mère refit surface. Un air qu'il pensait avoir oublié depuis longtemps revint.
J'ai quitté ma maison
Pour aller au bout du monde.
J'ai parcouru la Terre
Pour voir si elle était ronde.
Dans mon dos le soleil se lève,
Mon pays est là bas au loin.
Devant moi le chemin s'achève,
Ma route prend fin, je n'ai plus rien.
Il n'y a plus un son.
Je me retourne et je vois
Mes pas dans la poussière
Qui me reconduisent chez moi.
Alors qu'il chantait à voix basse, le pégase ferma les yeux avec apaisement. Sa respiration ralentit. Bientôt, son flanc cessa de se soulever.
Le soldat ramassa son arme et se releva. Il sortit du jardin et repassa devant la maison. Dans son dos, vers la ville, des bruits de tir éclatèrent. Il ne se retourna pas. Il prit la direction des montagnes, loin à l'horizon. Il rentrait chez lui.