Quand j'ai découvert le texte, j'ai immédiatement remarqué sa longueur, et j'ai tout de suite pensé qu'il serait "prétentieux". En gros, je m'attendais à des formules ampoulées et à un ton grave limite sentencieux.
Du coup j'ai lu le premier paragraphe qui m'a tout de suite rassuré, et ça m'a fait songer que si tu avais mis plus de descriptions, je serais probablement parti dans ma lecture avec un avis négatif.
"La nuit tombait sur Canterlot" fait partie des intros' ultra-classiques, qu'on pardonne tout à fait chez l'auteur lambda mais qui, chez les pointures, peut devenir très vite impardonnable.
J'ai noté ensuite le développement sur cette nuit, dont exploitation de l'élément sur le moment ça c'est bien, et surtout ce développement est équilibré au sens où il se fait en deux temps : d'abord avec deux adjectifs, "incertaine et claire", puis avec un verbe. C'est-à-dire qu'un autre aurait écrit "... dans laquelle les étoiles étaient faibles et ternes" ou "rempli d'étoiles faibles et ternes" reprenant la même structure du premier temps, en double adjectif. La variation de structure allège la lecture et évite l'impression d'une insistance trop lourde.
Bref, c'était soigné.
Et c'est ça le plus étrange : au moment même où tu faisais les choses juste, ou en tout cas selon les règles de la littérature -- et mon bon goût personnel -- je redoutais le plus que le texte me déplaise. Si tu avais enchaîné sur cette nuit, pour atteindre le palais, en transition progressive etc... j'aurais probablement hésité à continuer, ou lu avec appréhension. Alors même que, autrement, je t'aurais conseillé de le faire.
Mais plutôt que cette transition, tu es revenu dans le temps, en pleine journée, pour expliquer qu'il existait une tension déjà implicitée par ta description. Et tu précises cette tension, explicitement, avec la description qui dit littéralement "il va se passer quelque chose". Et là je me suis mis à sourire. Le narrateur me disait directement "il y a une tension, demande pas pourquoi". Ca me rappelle d'ailleurs comment finissent beaucoup de descriptions, avec des "bref, un lieu à ne pas fréquenter" qui font se demander à quoi a servi la description juste avant.
Quand j'ai lu ça, j'ai été soulagé.
J'ai su que ton style était "simple", et au passage il y a énormément de mérites que je ne relève pas et qui essaiment le texte, de bons passages, de bonnes techniques, j'ai l'air de grogner mais tu maîtrises ton sujet. Mais tu n'as pas de prétention, dans ton écriture, tu cherches juste à raconter ton histoire et ça ça fait plaisir.
...
Quitte à revenir sur la répétition :
J'ai surtout en tête Applejack à la ferme. La structure est la même : lieu en chaos, fuite, évanouissement. Le fait est que dans la fuite outre Twilight et Applejack il y a Discord qui intervient et au final ils parviennent à s'enfuir. La structure est brisée et là il y avait la possibilité qu'Applejack échappe, même temporairement (hein, tag "sombre"), à son destin.
Là je me suis dit qu'il se passait quelque chose d'intéressant.
Mais ensuite, je te laisse relire le texte, il y a littéralement un timberwolf qui se forme de nulle part, qui choppe Applejack sans que personne ne puisse réagir (ouaaaais... crédible) et paf retour à la structure de base. Et tout le cirque, la fuite, l'intervention de Discord, tout ça : n'a servi à rien. Alors tu me diras c'est le but, on peut pas échapper à son destin, tout ça...
Je répondrai, et ça ne vient pas de moi, que le "grimdark" consiste à "faire croire qu'il y a une porte de sortie" pour ne la fermer qu'au dernier moment. Avec l'exemple littéral d'un texte où Fluttershy veut échapper à Twilight, lui échappe, monte les escaliers avec la porte ouverte qui ne se referme qu'à quelques marches, sous un flot de magie violette. On sait que c'est un grimdark, que Fluttershy finit en steak haché à la fin, mais il faut mettre en scène la possibilité d'y échapper.
Là, Applejack se fait one-shot, Discord se fait one-shot, Luna se fait one-shot... Bordel j'aurais déjà rage-quit... D'autant que le plan pour résister au gardien, à chaque fois, se résume à "dès qu'il vient on lui tatane la gueule, ça a pas marché les quinze mille fois précédentes mais on y croit"...
Du coup ça fait déjà trois pistes que tu aurais pu explorer :
-- Te focaliser sur la trahison de Celestia
-- Faire que le mane6 accepte son sort
-- Donner au mane6 une fausse chance de lutter
Il y avait plein de variations à aménager pour renouveler le suspense. On pouvait aussi resserrer l'action, créer d'ailleurs une gradation dans le rythme -- jouer sur le temps, au fond -- enfin bref...