Pour être honnête, Rain', il est 6h30, ça fait environ une heure que je réécris ma réponse et j'ai passé une nuit blanche.
Je commencerai donc par ma pensée brute : tu devrais rejoindre le projet Hydre.
Pour les participants qui se sont déjà lancés, tous en sont encore à développer les univers et intrigues pour leur chapitre. Et tous ces participants pourront te confirmer que je leur fais passer un petit parcours du combattant. Mais l'avantage est que ça leur fait expliciter la manière dont ils préparent leurs textes. Il y a beaucoup à apprendre, beaucoup à en retirer. Et ce que je vais tenter de t'expliquer ci-après, tu pourrais l'expérimenter, le vivre, plutôt que de devoir me croire sur parole.
Donc.
Compare ce passage de ton chapitre 17 :
Soudain, il roula par tête, complétement ébloui. Il venait de se prendre un rayon d'énergie de plein fouet dans le museau.
Et lorsqu'il se releva, c'est le sabot de Celestia qu'il rencontra.
Le commandant fut projeté en l'air, et de là, il fut frappé une quinzaine de fois par la princesse, changeant de point d'attaque par téléportation à chaque fois. Mitraillé de toute part par la même jument, Bismuth finit par s'écraser violemment à terre, tandis que Celestia se posa doucement sur la pointe d'une stalagmite.
Avec cette réécriture de ma part :
Soudain, il alla rouler par terre, complètement ébloui par un rayon d'énergie en plein dans le museau.
Et lorsqu'il se releva, s'époussetant, c'est le sabot de Celestia qui l'accueillit.
Un bon coup dans les gencives ! Le commandant fut projeté dans les airs avant de se faire matraquer comme un punching-ball par une princesse déchaînée qui se téléportait à chaque fois comme une diablesse. Mitraillé de toutes parts, Bismuth acheva sa course en s'écrasant violemment par terre tandis que Celestia se posait gracieusement sur la pointe d'une stalagmite...
Est-ce que tu arrives à voir la différence ?
Dans ta version, le texte essaie d'être sérieux. Le texte affiche une intention d'être épique, avec le stéréotype du matraquage à la DBZ. Du coup les termes comiques du type "quinzaine de fois" ou "mitraillé", ou encore "s'écraser à terre" passent très mal. Ils vont à l'encontre de l'intention du texte.
Dans ma version, le texte ne se prend pas au sérieux une seconde. Et de fait ma version est un pastiche de ce à quoi tu m'avais habitué. Le fond est le même, avec le côté sérieux et épique. La forme, par contre, hurle le côté comique -- au point d'en faire un peu trop.
Le problème n'est donc pas que tu veuilles faire de l'humour. Je l'ai pourtant assez répété, c'est ta grande force de pouvoir raconter quelque chose de sérieux de façon comique. Le problème est que le texte essaie d'être sérieux. Et du coup soit il se veut sérieux, auquel cas l'humour est à proscrire, soit il n'a pas à essayer d'être sérieux. Pour ne pas me répéter, laisse l'histoire être sérieuse par elle-même, et occupe-toi juste d'en rire. Ca fonctionnerait très bien pour le rideau de foin.
Le problème est qu'à force de faire de l'humour, tu ne sais pas comment traiter une scène sérieusement.
Il n'eut que le temps de souffler. Un rayon de magie fila dans l'air, faucha le Telluric et le fit rouler contre la pierre.
Bismuth voulut se relever, mais sonné, déstabilisé, il chercha en vain son adversaire. La nuit avait tout englouti et seule derrière les stalagmite la bataille arrachait encore ses éclats aux ténèbres. Il frissonna, se sentant soulevé. Son crin se dressait sous l'effet de la gravité inversée. Les éclats de roche s'arrachèrent du sol, grimpèrent devant les yeux écarquillés de Bismuth. Puis le sort l'arracha tout à fait au sol et l'emporta dans l'immensité du ciel...
On met plus de détails, question de faire voir la scène, de la rendre concrète. On cherche ensuite à la rendre plus "réaliste", par exemple en remplaçant l'uppercut par une inversion de gravité. Ici le texte élimine toutes les blagues pour être résolument dramatique le temps de l'action, quitte à revenir un peu plus loin à un ton plus comique, notamment en reprenant l'idée de Celestia se posant sur la pointe d'une stalagmite.
L'important est qu'à l'instant où le texte a affiché l'intention d'être sérieux, les blagues n'y ont plus leur place (ou alors elles servent, isolées, de contraste à la violence de l'action).
C'est... vraiment compliqué à expliquer. Et je préfèrerais le faire par la pratique.
Mais bref.