Il est 4h du matin, j'ai encore du travail mais une remarque au vol :
“ La vie n’est qu’un rêve qui attend patiemment son réveil ” , telle est la phrase qui se répète inlassablement dans mon esprit , m’accablant de pensées remarquables.
…
Ma chute semblait infinie...comme traversant les paliers abyssaux de cet univers.
Il y a répétition de structure. "Principale - participe passé" : "répète - accablant", "semblait - traversant". On pourrait rajouter que chaque proposition a un adjectif (ou un adverbe) : "inlassablement / remarquables / infinies / abyssaux". Ils sont tous hyperboliques, ou simplement exagérés, ce qui est normal pour un récit épique sauf qu'on est au tout tout début du récit et qu'il n'y a pas encore de point de repère.
Le résultat est une impression de grandiloquence, tu essaies de donner du panache au texte sans encore un fond suffisamment solide pour le justifier. Et là je pourrais tirer un parallèle avec la phrase répétée en boucle (c'est sûr que "en boucle" est moins épique) : en gros elle ne dit rien de particulièrement nouveau.
Oui, un récit épique se doit d'être hyperbolique et grandiloquent. Mais là tu en fais trop, ou trop tôt.
Une phrase harcelait mon esprit. "La vie n'est qu'un rêve qui attend patiemment son réveil." Je patientais, et je regardais dans ma chute les paliers abyssaux de cet univers.
Le contenu est quasiment identique. On accentue moins la chute, mais en bonne position pour que le lecteur se focalise dessus. Le "harcèlement" est déjà épique en soi, sous-entendant le conflit et l'action, sans être grandiloquent. Je fais un lien entre la phrase et le contexte, et je résume "pensées remarquables" par cette patience presque sarcastique du narrateur.
Et ensuite, seulement ensuite, par contraste et pour souligner l'épique qui s'annonce, je déploie la cathédrale des abysses.
Tu ne peux pas faire de l'épique constamment, et pour n'importe quoi. Tu finis par saturer le texte et cela aux deux premières lignes... ça annonce un texte surchargé et artificiel, c'est une très mauvaise amorce. Ton style finit par étouffer le contenu, et ton style finit par s'étouffer lui-même.
Essaie de conserver les tournures épiques là où elles auront le plus d'impact, et atténue-les ailleurs pour créer le contraste. Plus il y aura de contraste, plus tu pourras impressionner le lecteur avec des formules emphatiques et des tournures CANTERLOT VOICE.
Cela ne signifie pas de briser l'ambiance, mais de "doser". D'être plus ou moins épique selon la situation.
Par exemple si ton chevalier va acheter une épée à la forge du village, il sera "fier et brave". Le même chevalier en plein combat contre un vouivre sera "terrible et invaincu", et au moment d'affronter la sorcière maléfique, il sera "sublime, céleste, impérial".
Mais si tu dis de ton chevalier qu'il est "sublime" quand il va à la forge ou à la taverne... c'est ridicule. Et si tu dis qu'il est "fier" lorsqu'il combat l'archiliche millénaire, c'est... euh... insuffisant ?
Essaie de doser selon la situation. La chute est épique, mais tu ne peux pas la rendre plus épique que tant. Et tu ne peux pas rendre tout ce qui entoure cette chute, la phrase, les pensées, le whatever abyssal, épiques. Concentre-toi sur un seul élément, renforce-le, atténue les autres et par contraste tu devrais produire un effet plus marquant sur le lecteur.
Bon, assez procrastiné, je retourne au travail.
EDIT: Okay lu et j'essaierai de faire abstraction du fou rire qui ne m'a pas atteint vu que je suis assommé de fatigue à l'évocation de machin.
L'épisode des yeux n'est pas épique, mais j'ai déjà fait ma croisade sur la violence inutile, baste, je suis fatigué, vous faites ce qui vous plait.
Apparemment on est aussi en pleine Black Plague ou alors les cimetières sont insalubres, je sais pas... ou alors c'est juste ce héros dépressif et là je m'excuse de ressortir l'expression "émo gothique" mais voilà quoi, on ne le connaît même pas encore et il se plaint déjà que tout le monde le déteste...
C'est peut-être le premier problème. On ne sait rien du héros, je ne sais pas pour les autres mais moi il me laisse formidablement indifférent. Alors oui, il est fils de pâte à tarte mais ça aurait pu être une jument que ça aurait été pareil, et déjà ça c'est pas bon signe pour sa personnalité. Tout ce qu'on sait de lui, c'est qu'il est mal-aimé, ah et probablement mort aussi, je sais pas moi j'ai fini par conclure qu'il avait trébuché dans les Tartares. Et soit c'était déjà le fils de casserole avant et du coup à quoi tout ça a bien pu servir, soit il est brainwashé et ça m'agace un brin de devoir soutenir un lobotomisé comme héros.
Et si en plus au prochain chapitre on me colle un tout autre décor avec un tout autre narrateur-personnage, je risque de décrocher sévèrement.
Okay je reprends.
L'idée du fils de robe à froufrous c'est bien, et le palais blabla tout ça c'est cool. Mais le héros n'a rien pour lui et ça, surtout pour un perso' qui narre à la première personne, c'est grave. Au fond ranaf' de ce qui se passe du moment que le personnage est marquant, donc il faudrait vraiment lui donner une solide personnalité. Et si possible de meilleurs problèmes existentiels qu'un arbitraire "moi vs le monde". Je ne sais pas moi, il pourrait trouver son père trop faible ou trop gentil, déjà là il gagnerait masse charisme ce héros... Il pourrait se sentir manipulé ou jouet des éléments, et là aussi il aurait du mérite, surtout si ça le pousse à agir. Enfin je jette des idées mais voilà...
Là c'est juste le fils de grue mécanique, je sais je me répète mais tu ne peux pas débuter une saga avec si peu.
À côté de cette histoire de héros, tout le reste est secondaire. Mon charabia sur le début du texte est applicable au reste, il faut toujours que tu doses mais ça tu verras de ton côté.
Le palais est bien joué au sens où bon on découvre qu'il est général, puis qu'il est prince, puis qu'il est dans un palais, et seulement après qu'on s'est fait toute cette construction on découvre ce qu'est ce palais et ce prince, avec les gardes comme indice. C'est bien introduit, c'est bien monté, ça donne une idée solide de la situation : on ne sait rien mais on a l'impression de tout savoir, ou du moins d'en savoir assez.
Par contre le rêve est un véritable boxon. Il tombe dans les abysses et ensuite il atteint les abysses (?), et puis des trucs et ensuite les yeux et ensuite lampe de poche. C'était quoi, un flashback, un flashback mais dans le futur, un rêve récurrent, un rite de passage, une symbolique, une gratuité totale pour faire genre en début de texte ? On ne voit pas d'où tu viens et où tu veux en venir. À un moment j'ai cru que tu allais raconter la genèse d'une créature des Tartares (bref, un démon) et pour avoir fait ça moi-même, ça peut être classe, mais on est passé assez largement à côté.
Là de ce que j'ai reconstruit notre pestiféré a succombé aux ténèbres, s'est fait brainwash selon la tradition des étincelles et puis papatte de pâte dentifrice et paf ça a fait des chocapics. Non, non, non, tu introduis une saga. Encore pour un one-shot okay, mais là tu es en train de mettre en place et d'annoncer une histoire sur plus de cent pages ! Sur un rêve ! Sur une phrase qui en elle-même peut nier la totalité de ton histoire -- bah oui ça s'applique autant qu'au rêve qu'à la réalité, c'est récursif et ça revient à dire que tout est faux.
Woohoo.
Bref.
Ce qui importe c'est ce héros-narrateur, puis en second et très accessoirement le style. Mais en troisième et de façon totalement anecdotique, il faut que tu réfléchisses à l'information que tu donnes au lecteur. Le mystère c'est bien, la curiosité et l'épique ça se marie bien et c'est sûr que si tu expliquais tout de façon omnisciente ce serait limite barbant.
Mais bon voilà au moins confirmer qu'il est mort, que tous les morts tombent dans des abysses puis se font recruter par clé à molette mais que ceux qui ne tombent pas euh on les oublie parce que c'est pas dark donc tous les poneys tombent, du coup ce poney n'a rien de spécial, ça fait un paquet de fils et 'faut sérieusement qu'Equestria révise ses rites mortuaires.
Spike le barbare et über-Twilight c'était simple : un gros méchant, une ambiance classe et de la baston. On comprend tout, ça respire l'épique à plein naseaux, on suit. Mais là c'est vague, tu essaies de faire du mystère et à mes yeux ça ne passe pas, à part une énième invasion d'Equestria tu n'as encore aucune direction, ce qui pour un premier chapitre est quand même alarmant.
Et il faut vraiment que j'aille dormir, donc bref : travaille ton héros et le reste devrait suivre tout seul.