Je me rappelle d'une histoire où Equestria était cernée par les gobelins et où les gardes mouraient par dizaines aux frontières sans que la population soit au courant.
Ta mise en scène est bien faite, cohérente, sûr... et tu agites très fort les bras pour dire qu'on est super-isolé... mais c'est tout aussi crédible.
(Au passage, l'histoire avec les gobelins était cool, notamment parce que c'était un crossover G1/G4.)
Alors oui, je sais, je devrais "suspendre mon incrédulité", mais zut quoi.
Que la vie soit dure ça okay, Ponyville ne s'est pas construite en un jour et forcément si tu t'installes dans les Badlands ça va pas être super au début... Bon, Appleloosa ne compte pas, là-bas ils sont tellement décérébrés que devoir manger de la pomme matin midi et soir c'est leur joie dans la vie... Je veux dire que oui, un nouveau village, ou même un vieux village à la Detrot où les choses deviendraient dures, pas de problème.
Mais les poneys sont des poneys. Mince.
Qu'il y ait des tensions, des malaises, des disputes, là encore pas de problème. Ils s'adaptent à la difficulté, ils ont des attentes, ils sont sous pression, il y a des tas d'excuses pour faire un environnement pas super agréable. C'est quand même pas comme s'il y avait de la marge. Un parent débordé, inquiet pour sa famille, etc... ça passerait comme une lettre à la poste.
Et je ne parle pas du contraste "eux méchants, moi gentille", c'est de bonne guerre (il paraît).
Mais toi tu es directement passé par la case "copions la 'réalité' et ensuite excusons tout ça par la circonstance x." La destinée ? Buck that. L'harmonie ? Buck that. Les buckin' princesses ? Buck that. En je sais pas combien de générations pas une seule maire ni du village ni de la ville n'aura seulement songé à envoyer une lettre pour dire "eh, ça va mal ici, un peu d'aide ?" Ou alors je sais pas, plantez autre chose, des tomates gen- okay non pas des tomates mais faites un truc !
J'ai l'impression de voir des gens tombés dans un trou qui se chamaillent parce qu'ils sont dans un trou au lieu d'en remonter. Ce qui est paradoxal pour un village qui professe le "travaille dur". Et surtout je n'ai pas l'impression de voir des poneys. C'était quoi l'intérêt de mettre des poneys si le contexte est humain et les comportements sont humains aussi ?
Pour moi tu as choisi la facilité.
Honnêtement, on réécrirait cette histoire avec des humains, ce serait pareil. J'ai presque eu l'impression de voir des mineurs de charbon et des bocaux de moutarde, c'est dire (la moutarde c'est parce qu'un jour un prof' a commenté un texte en disant : "mais si, vous voyez, le texte dit que ça va pas si mal ! Les travailleurs peuvent même ramener à la maison un grand pot de moutarde !" Denissovitch doit être mort de rire.)
Mh et puis quitte à faire long, ouais, revenons quand même sur le "eux méchants moi gentille".
Alors, déjà, il y a dix trillions de tâches que la maigrelette Lily peut accomplir. Je ne m'y connais pas en plantation de haricots et je me doute que devoir labourer ou bêcher c'est un peu trop pour elle, tout comme porter les gros sacs ou tirer la charrue. Mais 'va pas me dire qu'elle ne sait pas semer des graines ou écosser. Genre écosser.
Genre okay, dans mes souvenirs on écossait plutôt les petits pois mais les haricots ça se préparait aussi, que ce soit pour manger ou pour la vente. Tu amènes un grand grand bol à la gamine bourré de haricots, un autre grand grand bol tout vide et elle passe SA JOURNEE à t'écosser les légumes. Parce que visiblement je sais pas de quelle maladie elle est frappée mais dépouiller les plants de haricots matures c'est trop pour elle... Genre.
Okay disons qu'elle soit allergique aux légumes.
Les "tâches ménagères", hello ! Ce n'est pas rien. Nettoyer les habits... bon okay ça commence mal c'est des poneys ! Je ne vais pas faire la liste genre rapiécer, faire la cuisine, passer le balai mais quitte à, il y a aussi aiguiser la lame de la charrue, ranger le matériel le soir, apporter le buckin' repas aux champs (ah non mince elle est allergique), non mais sérieux c'est quoi cette famille de fermiers qui ne sait pas quoi faire de quatre pattes ?
Donc passé le délire du "je sers à rien" (toi t'as pas vécu à la ferme) venons-en au délire des réactions. Là je vais résumer simplement, on a eu des poneys dans le bayou, entourés par des champs de flammes et des chimères, et ces mecs arrivaient à sourire. Va pas me dire que des vendeurs de haricots près de Fillydelphia ne sont pas foutus de pony up...
Et encore le père ça va, qu'il calcule l'amour parental à la lampée de haricots c'est son problème, mais les frères ? Ils ont sans doute fini l'école (apparemment, sinon ils parleraient devoirs), ils passent probablement leurs journées aux champs (apparemment, sinon ils parleraient jeux) et il doit y avoir la pression de l'entourage pour se distancer de soeurette (apparemment, sinon ils parleraient de comment la vie est dure ici). Je sais pas c'est quoi ces frères qui en sept ans n'ont pas été foutus de communiquer avec leur petite soeur ?
Très franchement j'ai plutôt l'impression que c'est Lily qui a une vision de mer* et qui a repeint sa ville en noir, avec sa mémoire qui ne conserve que le pire et qui se refuse à voir le reste.
Ah, j'oubliais un dernier détail : la vie à la ferme c'est dur, visiblement ça rapporte pas, c'est carrément la lose de vivre dans ce buckin' village et tous les jeunes doivent rêver de se tirer de là (sauf si bien sûr ils étaient coupés du monde mais y a Fillydelphia à deux bornes). Conclusion, le meilleur souhait d'un père devrait être d'envoyer ses enfants à la ville, où ils auront un vrai salaire, une vraie vie et qui sait ils pourraient même tirer la famille de la misère où ils semblent patauger.
Conclusion, la gamine qui va à l'école et qui "sert à rien" devrait être l'espoir de la famille, celle qui a un avenir vu que visiblement les frères ont pas fait l'école et savent juste écosser les haricots... une fois encore c'est quoi cette famille de ploucs qui a une ville hurlant la richesse et qui se dit que la seule vaguement capable d'y faire sa place est le boulet de la famille ?!
Donc ouais, à mes yeux tu as choisi la facilité.
Ca n'empêche pas l'histoire d'être bien.
Mais ça casse, un brin, mon plaisir de lecture.